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Portrait de chercheuse : Marianne Lefebvre
Aujourd'hui nous nous intéressons au portrait d'une économiste dynamique, Marianne Lefebvre. Membre du GRANEM depuis 2015, elle a déjà obtenu cinq contrats de recherche pour le laboratoire, dont quatre en tant que porteuse. Elle vient de décrocher un projet Etoile Montante avec la région Pays de la Loire, ce qui la mènera à déposer un projet ERC avant 2024. Ses travaux portent sur l'économie agricole, l'environnement et l'évaluation des politiques publiques.
Le choix de l'agriculture
L’analyse économique aide à réfléchir à l’optimisation de l’usage des ressources rares. Parmi ces ressources, il y en a des particulièrement rares et cruciales pour le secteur agricole : la terre, les engrais… Le regard de l’économiste est donc important pour comprendre les enjeux agricoles, environnementaux et alimentaires, en complément de celui des agronomes et d’autres sciences sociales. Le choix de travailler sur ces questions s'est fait en Master, en raison de ses préoccupations personnelles pour l’alimentation et l’environnement : le secteur agricole est alors devenu assez naturellement un terrain d’étude privilégié.
La curiosité de Marianne Lefebvre sur ce qui se passe ailleurs et son goût pour les langues l’a aussi amenée vers un sujet de recherche où il est important d’interagir avec des personnes (agriculteurs, chercheurs …) dans d’autres pays. La conception et l’évaluation de Politique Agricole Commune (PAC) nécessite de réfléchir à plusieurs échelles pour proposer des dispositifs utiles face aux enjeux agri-environnementaux locaux (gestion de la ressource en eau, paysages) et mondiaux (réchauffement climatique, pertes de biodiversité). La PAC est aussi contrainte par le cadre législatif et budgétaire européen.
Ces recherches présentent plusieurs défis. Le premier est de travailler en réseau à l’échelle européenne sans perdre le contact avec les collègues locaux. C’est un vrai plaisir pour elle de travailler autour d’une table sans écran interposé et elle n'en a malheureusement pas souvent l’occasion. Elle est néanmoins contente de commencer à collaborer avec des chercheurs de l’axe DAEO du Granem (notamment Ivan Dufeu, Masha Pautrel, Gaëlle Pantin-Sohier, Fanny Thomas). Réussir à échanger avec les décideurs en amont et en aval des projets de recherche peut également se révéler difficile. Marianne Lefebvre avait cette chance lorsqu'elle travaillait au Centre de Recherche Commun de la Commission Européenne, mais c’est plus difficile depuis l’Université. Heureusement, son réseau, constitué précédemment à son arrivée à l'UA, est une aide précieuse.
Marianne Lefebvre a également avoué : « J’ai toujours un peu peur de déranger mes sujets d’étude (les agriculteurs), dont les journées sont déjà très remplies. J’aspire à être davantage convaincue moi-même de l’intérêt sur le long terme de leur faire perdre du temps pour participer à l'une de mes expériences… pour mieux les convaincre ! »
Son parcours
Marianne Lefebvre a étudié l’économie et la gestion à l’Ecole Normale Supérieure de Cachan (aujourd’hui nommée ENS Paris-Saclay) puis à la Toulouse School of economics, où elle a obtenu un Master en Économie de l’agriculture, de l’environnement et des ressources naturelles. En 2011, elle a obtenu un doctorat à l'Université de Montpellier pour la soutenance de sa thèse sur le sujet de "Irrigation water allocation mechanism and drought risk management in agriculture". Elle a ensuite travaillé au Centre commun de recherche de la Commission européenne, à Séville, entre 2012 et 2014. Elle est maîtresse de conférences à l’IUT de l’Université d’Angers, et chercheuse au GRANEM depuis 2015.
Aujourd'hui, elle concentre son temps de recherche sur les thèmes et méthodes suivants : l'économie agricole et de l’environnement (pesticides, eau, paysages), l'évaluation des Politiques Publiques (notamment la Politique Agricole Commune) ainsi que l'économie expérimentale.
Des projets de recherche en cohérence
L'année 2017 a été chargée. Il fallait tout d'abord finaliser le projet FEEF-CAP (Verdissement de la politique agricole européenne : étude expérimentale des réactions des agriculteurs), financé par la commission recherche de l'UA, qui a permis à Marianne, dès son arrivée à l'UA, de collaborer avec des chercheurs de l'UA (Serge Blondel, Sandrine Gaymard) tout en continuant sa collaboration avec une chercheuse de l'université d'Osnabrück. Ensuite, en collaboration avec une dizaine de chercheurs européens, Marianne Lefebvre participe à la création du réseau REECAP (Research Network on Economic Experiments for CAP evaluation), suite à un workshop organisé à Angers. Elle en est membre du board et présidente depuis 2019. L'objectif du réseau est de réunir des chercheurs, des experts et des décideurs politiques intéressés par l'utilisation d'approches économiques expérimentales pour évaluer et améliorer la politique agricole commune (PAC). La même année, elle obtient auprès de l'Agence Française de la Biodiversité (AFB) le contrat ACCERO (Acceptabilité du « Zéro Pesticide » dans les espaces publics). L'objectif de ce projet, terminé en 2019, était d'étudier, via une enquête en ligne nationale, les préférences des gestionnaires d’espaces verts publics, des élus et des résidents urbains, vis-à-vis des changements induits par la gestion des espaces verts sans pesticides.
En 2020, Marianne Lefebvre s'associe à une équipe menée par l'INRAE (Avignon) et ils obtiennent auprès de l'ANR un financement pour le projet CAP ZERO PHYTO (Adaptation of the concept of ecological immunology to crop protection : Rosaceae and Solanaceae, two case studies). L’objectif du projet est de proposer de nouvelles stratégies de protection des cultures basées sur l’utilisation combinée de leviers immunitaires destinés à moduler les mécanismes de défense des cultures. Six leviers immunitaires seront explorés seuls et en combinaison : résistance génétique, plantes de service, solutions de biocontrôle avec une action SDP (stimulation de défense des plantes), flashs d’UV-C, stress mécanique et apport d’azote. Pommier et tomate seront utilisés comme cultures modèles, avec leurs principaux bioagresseurs, avant transition vers d’autres Rosaceae (pêche et fraise) et Solanaceae (poivron). Le Granem interviendra en réalisant des enquêtes auprès de producteurs de tomates et pommes sur l'acceptabilité de ces leviers innovants permettant la réduction des pesticides.
Proposer de nouvelles stratégies de protection des cultures. Aider à la conception de politiques agro-environnementales innovantes au service de la transition agro-écologique.
Cette année enfin, Marianne Lefebvre est lauréate du dispositif Etoile Montante pour le projet BEHAVE (Behavioral analysis and economic experiments for agri-environmental policy evaluation), dont l'objectif est de développer les recherches en économie expérimentale pour la conception de politiques agro-environnementales innovantes au service de la transition agro-écologique. Ces recherches se feront notamment en partenariat avec le réseau européen REECAP, le Userlab de l’Université d’Angers, le programme VitiRev en Nouvelle-Aquitaine, et le comité scientifique et prospectif du parc naturel régional Loire-Anjou tourisme.
Quelques mots sur le dispositif étoile montante : il vise à accompagner les jeunes chercheur∙e∙s en Pays de la Loire dans leur développement de projet de recherche : ces dernier.e.s s’engagent à déposer un projet auprès de l’European Research Council (ERC) en échange d’un financement sur deux ou trois ans permettant d’optimiser leurs chances de succès à ce programme européen très concurrentiel.
Des objectifs pour le futur
A moyen terme, Marianne Lefebvre aimerait trouver des synergies entre ses différents projets en cours. Dès que possible, elle souhaite réussir à passer à la fois plus de temps dans des fermes, et plus de temps à analyser des données statistiques déjà disponibles, afin d’identifier des questions de recherche pour lesquelles il est vraiment pertinent de collecter des données supplémentaires via des expériences contrôlées. Mais elle voudrait également développer des projets avec les étudiants de BUT GEA autour des thématiques de l’alimentation et de la transition écologique, pour plus de cohérence entre ses enseignements et sa recherche.
Et bien sûr, avant 2024, le dépôt d’un projet ERC, qui est un engagement du dispositif Etoile Montante.
Bibliographie
Articles scientifiques
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Chapitre d'ouvrage
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